MALI : POUR PRATIQUE DE L’EXCISION, DES ONG TRAÎNENT LE PAYS EN JUSTICE

Quatre Organisations Non Gouvernementales (ONG) ont décidées de traduire le Mali en justice, pour le forcer à interdire l’excision.

La plainte, déposée devant la Cour de justice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), porte l’estampille de quatre ONG : l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF), l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles, l’Institute for Human Rights and Development in Africa et Equality Now.

Mali ExcisionCes organisations reprochent à Bamako le fait de n’avoir pas encore adopté de loi interdisant les mutilations génitales féminines, et plus particulièrement l’excision. “La pratique continue et les enfants continuent de voir leur vie perdue à cause de ça”, a déclaré au journal La Presse, Bintou Coulibaly, présidente de l’APDF.

Constatant l’échec de leurs plaidoyers auprès des députés maliens, celle qui milite depuis près de 30 ans contre cette pratique estime qu’il est temps de “passer à une étape supérieure”. 

En effet, le gouvernement malien doit respecter ses engagements internationaux, notamment le Protocole de Maputo, qui porte sur les droits des femmes. Ratifié par Bamako, il prévoit l’interdiction par des mesures législatives de “toutes formes de mutilation génitale féminine”.

Un changement de mentalité plutôt qu’une loi

Une disposition jusqu’ici ignorée par le Mali, qui lui préfère plutôt la sensibilisation. “Nous pensons que le fait d’adopter une loi ne va pas mettre fin à la pratique. Le gouvernement veut qu’on aille vers une prise de conscience des populations, pour aller vers l’abandon par lui-même”, a déclaré la ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Bintou Founé Samaké.

Tout en précisant que l’Etat “va répondre à la plainte par tous les moyens dont il dispose”, elle pense que  “c’est un changement qu’il faut viser, et les changements de comportement prennent du temps.” Sauf que “Ça fait plus de 60 ans qu’on est en train de sensibiliser”, a renchérit, courroucée, Bintou Coulibaly. 

Face à ce fléau, seule une loi peut être la meilleure solution, car on constate que des gens des pays limitrophes où la législation l’interdit “viennent au Mali pour exciser leurs enfants”.

En rappel, seuls le Mali, le Libéria et la Sierra Leone n’ont pas encore interdit l’excision en Afrique de l’Ouest. L’avis de la CEDEAO est désormais attendue, pour contraindre le Mali à mettre fin à cette pratique, perpétrée au sein des familles depuis des millénaires.